Texte d’Olivier Caremelle, ancien Directeur de Cabinet de la ville de Grande Synthe
Le moment est venu.
Popularisée pendant la campagne présidentielle par Benoit Hamon, la mesure portant création d’un revenu de base est devenue une nécessité.
Les mutations que nous subissons depuis plus de 40 ans ont bouleversé notre rapport au travail. Qui, aujourd’hui, mis à part ceux qui ont intérêt, ne voit pas qu’un autre modèle de croissance et de société sont intimement liés ?
C’est fort de cette analyse que la ville de Grande-Synthe a initié, en 2019, une expérimentation « grandeur nature » sur toute la ville d’une mesure se rapprochant du revenu de base : la création du minimum social garanti. Il s’agissait de combattre la pauvreté par la création d’une aide sociale facultative et temporaire, basée sur les revenus du ménage.
Dans le droit fil de ce que la ville a promeut pendant le majorat de Damien Carême, il fallait innover, expérimenter et créer les conditions d’un nouveau modèle dans lequel le travail aurait encore sa place mais aussi dans lequel l’emploi est fragile.
Comme toute la politique de ville en transition bâtie à Grande-Synthe, nous avions la conviction qu’il fallait « redonner du pouvoir de vivre », de lutter contre toutes les précarités, de rendre de la dignité aux personnes les plus vulnérables, fragiles voire affaiblies.
Il ne s’agissait pas pour cela de verser une simple allocation, une prestation complémentaire pour finir les fins de mois, ni d’organiser une charité moderne mais de rendre toutes les personnes actrices de leur vie, de leur redonner de l’autonomie pour se construire.
Pensé comme une expérimentation du revenu universel à l’échelle d’une ville, le mécanisme pourrait inspirer de nombreuses communes et évidemment l’Etat si la volonté politique le permettait.
Le dispositif vise ainsi à apporter une aide financière aux habitants qui vivent sous le « seuil de pauvreté bas », moins de 900 euros pour financer des dépenses de logement, de transport, d’éducation, de formation, d’accès à la culture. S’il faudra tirer le bilan de cette expérimentation, tout indique aujourd’hui l’intérêt de revoir la protection sociale dans notre pays afin de donner, au-delà du travail, à chacun le droit de vivre en toute dignité.
Aujourd’hui, alors que la crise sanitaire du Covid-19 a fragilisé le dogme libéral, le revenu de base apparaît dans toute l’Europe, en Espagne, en Allemagne ou au Royaume-Uni, comme une solution pour amortir le choc social, sans précédent.
Des décisions de rupture sont aujourd’hui nécessaires pour fonder un nouveau pacte social dans lequel le revenu de base pourra être l’épicentre. Osons-le.
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