Mélodie et Arthur, formatrice et formateurs BAFA, nous parlent de l’éducation populaire, de leurs parcours, de leurs expériences en tant que formateurs et de leurs rôles au sein de la Ligue de l’enseignement.
Pouvez-vous vous présenter ?
Mélodie : “Je m’appelle Mélodie, je suis la référente pédagogique de la région centre-Val de Loire, je suis sur le groupe BAFA/BAFD du groupe fédéral, je travaille à la fédération du Cher à Bourges et je suis sur le pôle formation depuis bientôt 15 ans”
Arthur : “Je suis Arthur, je suis formateur BAFA du Pas-de-Calais pour la fédération du nord de la Ligue de l’enseignement, pour la coordination territoriale Nord-Pas-de-Calais et je suis également administrateur nationale pour le centre confédéral qui est basé à Paris en charge des questions de jeunesse et d’engagement donc toute la partie BAFA/BAFD fait partie de ma délégation nationale.”
Pourquoi êtes-vous à la Ligue de l’enseignement ?
Arthur : “J’ai adhéré à la Ligue de manière bénévole, c’est-à-dire que je n’étais pas salarié, je suis administrateur, c’est quelque chose que je fais en bénévolat, je le fais parce que je m’engage et parce que j’adhère totalement au projet politique de la Ligue. On est une fédération d’associations, pour être plus précis un mouvement d’éducation populaire qui a un projet politique bien clair et distinct. Moi, c’est parce que j’adhère à ce projet politique et aux valeurs éducatives que la Ligue promeut, à savoir l’émancipation, la socialisation, l’écocitoyenneté, la laïcité, l’égalité, la diversité, faire vivre toutes les mixités et d’autres, mais c’est vraiment ce côté défense des valeurs, qui me sont chères, que je retrouve à la Ligue.”
Mélodie : “Personnellement, je suis arrivée par hasard à la Ligue sur la formation BAFA, qui commençait à être en place sur notre fédération. Je vais plutôt expliquer pourquoi je reste et que je ne suis pas parti dans une autre structure, pour le projet associatif, des valeurs qu’elle porte, avoir la liberté de pouvoir mettre en place ces valeurs-là dans notre projet associatif auprès des publics : pour moi l’éducation populaire c’est l’école de la vie et qu’on en a tous besoin au quotidien.”
Quel est votre parcours ?
Mélodie : “J’étais persuadé de connaître l’éducation populaire qu’il y avait quelque chose parallèle à l’école qui pouvait exister, mais je ne savais pas encore quoi. Au lycée, mes professeurs essayaient de me donner la parole en classe, ce qui m’a valu pas mal de soucis. À l’école, je me suis dit que je n’étais pas faite pour l’apprentissage scolaire formel : je savais que je voulais être animatrice. C’est quelque chose de très spécial parce que je n’ai pas vu, pas connu, mais je savais que je voulais faire ce métier. J’ai arrêté mes études, je suis partie en formation professionnelle pour passer un diplôme professionnel pour être animatrice et j’ai travaillé dans des centres sociaux avec des enfants qui étaient en instance de jugement. Je suis partie en séjour de vacances, puis de nouveau les centres sociaux, puis la Ligue.”
Arthur : “Moi c’est l’inverse de celui de Mélodie, j’ai côtoyé les accueils de loisirs quand j’étais enfant et les séjours de vacances également et un jour je voulais faire comme les animateurs j’ai voulu moi aussi faire ce métier donc j’ai passé mon BAFA avec la ligue de l’enseignement au centre les argousiers de Merlimont. Ça a été une énorme redécouverte parce que j’avais connu les accueils en tant qu’enfant et là je le vivais en tant qu’animateur où c’est moi qui étais en posture d’éducateur. Je rejoins Mélodie sur le fait de l’éducation non formelle. Ce qu’on appelle l’éducation populaire, c’est la formation tout au long de la vie, la formation par tous et pour tous. Et ça, c’est super important. J’ai découvert une nouvelle manière de transmettre des choses aux enfants et j’y ai tellement adhéré, c’est pour ça que j’ai voulu devenir formateur par la suite. Parce que quand tu deviens formateur, tu transmets des choses aux futurs animateurs qui eux-mêmes vont transmettre aux enfants. C’est de la transmission, c’est le fil rouge de mon engagement à la Ligue et c’est la transmission de ce qui nous est cher, c’est un petit peu mon parcours à la Ligue de l’enseignement, comment j’ai connu cette fédération c’est un peu par hasard aussi et le hasard fait bien les choses.”
Qu’est-ce qui vous plait dans l’animation ?
Mélodie : “Alors, l’animation, c’est animer, c’est-à-dire donner la vie à quelque chose. Donc, à partir du moment où on peut apporter du savoir, on peut tout animer, on ne s’ennuie jamais. Il y a toujours quelque chose qui fait qu’on est valorisé, ça peut être par le regard des enfants, par les parents, par les autres animateurs qui ont vu notre évolution, par une structure. J’aime aussi le fait que les compétences soient multiples dans le métier d’animateur. Dans ce métier, on développe énormément de compétences psychosociales”
Arthur : “ Je suis d’accord mais je vais donner un autre point de vue. Premièrement, c’est la polyvalence du métier, parce que quand tu es animateur, notamment en séjour de vacances où vraiment on emmène les enfants loin de chez eux et nous aussi on part loin de chez nous, c’est une expérience de vie collective où à la dernière minute tu peux te retrouver à faire le repas, animer un chant et gérer un conflit, cette polyvalence est super intéressante et c’est surtout pour sortir du côté animation et faire un focus sur ce qu’on appelle la vie quotidienne, ce sont des moments de partages informels que tu vis avec les enfants, un temps de repas avec des enfants, le temps du soir, le temps du coucher, le temps de trajet, les veillées, c’est moment où les enfants pourront se confier à toi et toi aussi tu peux te confier à eux et on vit vraiment un temps suspendu qui est très puissant.”
Quelle est votre partie préférée durant la formation BAFA ?
Mélodie : “La fin pas parce que c’est fini et on reste chez soi mais plutôt parce que quand on évaluait les fonctions du formateur on évaluait aussi les peurs du stagiaire et la première c’est l’échec et ils l’ont pendant les jours de formation sauf quand ils sont délivrés de cette peur, on ressent quelque chose de différent avec les stagiaires et le départ avec la mort du groupe est tellement forte qu’on prend conscience de ce qu’on a vécu pendant 8 jours donc c’est ce que je préfère.”
Arthur : “Personnellement je vais nuancer, moi c’est le début c’est le moment où les stagiaires prennent conscience de la tâche on arrive en formation et que nous, formateur, on arrive à leur faire prendre conscience de l’ampleur de la tâche et la responsabilité éducative qu’il faut avoir avec des mineurs qui sont sous leur garde, parce que ce cursus de formation ce n’est pas pour faire du coloriage ni faire de grands jeux toute la journée. Au premier retour sur une activité, en donnant les points positifs et les négatifs, on remarque que le stagiaire se dit que l’animation c’est bien plus que ça, pour moi c’est le meilleur moment. On commence la formation BAFA quand les stagiaires ont pris conscience des responsabilités qu’ils ont sur le terrain.”