Gel des contrats aidés, baisse des dotations aux collectivités, retour à la semaine de 4 jours… autant d’incertitudes pour le monde associatif et les mouvements d’éducation populaire.
Suite aux multiples annonces du gouvernement durant l’été, cette rentrée 2017 s’annonce porteuse de changements qui sont de vraies menaces, notamment pour le monde associatif. Réduction brutale des emplois aidés, baisse des dotations aux collectivités, mais également retour à la semaine de 4 jours dans certaines communes, tout concourt à nourrir les inquiétudes et les incertitudes pour les associations et les mouvements d’éducation populaire, tant au niveau national que sur notre territoire du Pas-de-Calais.
Par le retour à la semaine de 4 jours, déjà discutable du point de vue du bien-être des élèves, ce sont des centaines d’heures d’activités épanouissantes et complémentaires de l’école qui vont être supprimées, mais aussi des milliers d’emplois d’animateurs menacés : « de 30 à 35 000 de ces emplois pourraient être touchés » selon le CNEA, syndicat d’employeurs dans le champ de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport. De plus, comme s’en inquiète Hélène Grimbelle, Secrétaire générale adjointe de la Ligue de l’enseignement nationale, cette filière risque également d’être « doublement pénalisée » avec les coupes à venir des dispositifs de contrats aidés.
Début août, Muriel Pénicaud, Ministre du Travail, annonce une baisse drastique et rapide des emplois aidés avec trois arguments : « Premièrement, les contrats aidés sont extrêmement coûteux pour la nation. Deuxièmement, ils ne sont pas efficaces dans la lutte contre le chômage. Troisièmement, ils ne sont pas un tremplin pour l’insertion professionnelle. »
Si ces différentes affirmations peuvent déjà être remises en question d’un point de vue économique, il faut surtout souligner que ces contrats ne sont pas que des chiffres, ils sont avant tout utiles socialement, et “sociétalement”. Dans le secteur non-marchand et donc le monde associatif, les contrats aidés (plus de 130 000 à l’heure actuelle) concernent principalement des personnes peu qualifiées, ou en situation de chômage de longue durée : individuellement, ils permettent donc réellement d’insérer dans le monde du travail des hommes et des femmes de tout âge éloigné.e.s de l’emploi, de leur redonner confiance et dignité, ainsi qu’une place dans la société.
Collectivement, ils permettent également aux associations et aux collectivités qui les emploient de développer pour le plus grand nombre de nombreuses actions en faveur du vivre ensemble, de la solidarité, du sport, de la culture, de la santé… qui seront très rapidement mises à mal, au détriment des plus fragiles : c’est un modèle de société tout entier qui se voit attaqué.
Dans le Pas-de-Calais, qui est notre territoire d’action, cette baisse apparait donc encore plus terrible. Notre département souffre depuis de nombreuses années d’un taux de chômage élevé et d’une détresse sociale réelle, qui conduit à la montée des idées de haine et des politiques qui les défendent. Le président de la République lui-même, alors en campagne, n’avait pas manqué de le souligner – non sans un mépris douloureux pour les habitants – lors de sa visite dans le Bassin minier au début de l’année.
Les associations qui y oeuvrent au quotidien font un travail exemplaire, qui vient accompagner les politiques publiques dans de multiples domaines. Certaines sont donc aujourd’hui dans l’incertitude la plus totale, et combien survivront à ces mesures ? En tant que fédération d’associations, mouvement d’éducation populaire, et partenaire de l’Ecole publique, la Ligue de l’enseignement du Pas-de-Calais tient à souligner son inquiétude quant à l’avenir. Nous nous associons au communiqué du Mouvement associatif national, qui demande aujourd’hui au gouvernement de surseoir à cette décision et d’ouvrir une concertation impliquant l’ensemble des acteurs concernés sur ce sujet.
Nous souhaitons également relayer l’appel du Mouvement associatif Hauts-de-France, qui met en place un travail de compilation et de diffusion des argumentaires et prises de position publiques afin de nourrir le débat et renforcer la parole Associative.
Le monde associatif et toutes les vies humaines qu’il touche sont les moteurs de nouvelles formes de société, de citoyenneté et de fraternité, ils sont absolument essentiels à la vie de notre pays, et ne doivent en aucun cas devenir des variables d’ajustement.
Daniel BOYS
Président de la Ligue de l’enseignement du Pas-de-Calais
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